Déjà trois ans que je fais la route pour rejoindre un petit village dans ce département, mais cette saison ce sera seul, obligation oblige pour mon « binôme ». Sur place, c’est toujours l’occasion de revoir ou de rencontrer de nouveaux passionnés.
Les récits des chasseurs profitants également de cette opportunité et les consignes de tir pour le lendemain ponctuent la soirée.
Ma première sortie sera à l’approche pour reprendre contact avec ce petit bois que je commence à connaitre et repérer ce qui s’y promène. Une belle chevrette suitée de deux chevriards et surtout un brocard et sa chevrette son déjà dans le près. Pas forcément un record ce brocard mais il ferait largement mon bonheur. Souvent de sortie dans un petit vergé de prune il me fera déplacer plusieurs fois mon TS pour essayer d’être au bon endroit au bon moment. Il se jouera de mes stratégies et me contenterai donc de l’observer.
J’aurai bien une petite occasion à l’approche le long du bois ou il arrive en pleine course poursuivant sa belle, mais mon stationnement à découvert ne le surprendra pas et me fera donc détecter.
J’irai faire un couple d’affût sur un autre spot avec l’espoir d’y avoir un peu plus de réussite mais rien ne se produira.
C’est déjà dimanche et ça sent la fin, mais il n’y a pas d’objection à ne partir que le lundi, ce qui me donnera une sortie supplémentaire, l’occasion de me faire un peu chambré au diner sur mon manque de réussite. Rassurez-vous cette situation ne m’empêche pas de dormir et tout vient à point à qui sait attendre.
Pour cette dernière je retournerai au bois, en reprenant le même itinéraire que le premier jour.
En lisière militaire pour ne pas me faire localiser par la chevrette suitée qui est dans le près, j’observe la prairie et ce fameux verger. Comme il y a quelques jours la chevrette regarde dans ma direction mais cette fois ci, ce n’est pas pour moi mais le brocard qui sort du bois à ma droite à une soixantaine de mètres et qui avance à sa rencontre. Peu intéressé par ses avances elle quittera la zone sans attendre en le laissant seul rentrer sous les pruniers.
La configuration du terrain et les habitudes du petit prince ne me laisse pas beaucoup de possibilité.
Je longe la lisière à couvert et contourne la langue de bois qui descend vers le verger avant de m’y engouffrer, essayant de limiter le bruit malgré une végétation serrée.
Arrivé à trois mètres de l’entrée de la coulée, je constate que je n’aurai aucune possibilité de tir sans que le capréolus ne me détecte, alors je rebrousse chemin le plus discrètement possible. Déjà une vingtaine de minutes que je progresse sans avoir visuel sur l’animal
et en sortant du bois je vois un brocard à 60 mètres derrière le barbelé mais après un jumelage il s’avère que ce n’est pas mon brocard, alors même si l’approche de celui-ci aurait été « facile » je reste sur mon idée première.
Le bois en main courante à droite, je descends vers les pruniers jusqu’à son angle qui malheureusement est séparé du verger par un près d’une soixantaine de mètres de large.
Pourtant il est là au premier rang la tête derrière un tronc beaucoup trop fin pour essayer de faire une approche dans ce découvert donc je reste à l’observer et le vois regarder dans ma direction.
Ce n’est pas possible, comment est-ce possible je suis debout derrière des herbes hautes et des branches feuillus qui retombent devant moi ??
N’ayant pourtant pas fait appel à lui, St Hubert souffle à l’oreille du petit cervidé de remonter la colline. A peine le temps de télémétrer quelques points caractéristiques qu’il est déjà là. Masqué par le feuillage j’arme le Halon alors qu’il entre dans la fenêtre de tir mais bizarrement alors que la flèche serait normalement déjà partie, je le suis doucement, le pin’s sur le cœur en attendant certainement qu’il appelle la décoche et c’est chose faite au ¾ de la fenêtre. Il est à 17 mètres quand le tube le traverse et qu’il fait demi-tour pour s’écrouler finalement à 57 mètres sous les pruniers qui l’ont si souvent vu roder.
Il est environ 7H00 quand j’appelle le chambreur de la veuille pour lui annoncer le prélèvement de ce beau brocard et malgré un réveil en sursaut sera dans l’obligation de me féliciter. Récupération de la voiture est de la bague, quelques photos de ce capréolus qui m’aura fait courir avant de retrouver le « dit » gars.
Je remercie chaleureusement Vincent et toute son équipe ainsi que Mathieu pour les invitations sur leur magnifique territoire.
Pour ceux qui savent... Franck.
