Pour ma part cette saison de chasse 2017/2018 avait été jusque-là un enchainement de loupés. J’ai pu à chaque battue me régaler du passage en nombre du gibier. Celui-ci restant toujours à hors de portée de tir ou se dérobant dans le « sale et touffu ». Néanmoins c’est plein d’interrogations que j’arrivais en fin de saison. Saint Hubert ne semblait pas être à mes cotés et il ne restait que deux battues avant la fermeture.
Cette fin de saison correspondant également à l’arrivée de mon nouveau tree stand, ces deux sorties seraient également l’occasion de tester ce nouveau jouet.
Ainsi c’est avec beaucoup d’espoir que j’ai attaqué mon avant dernier weekend de chasse. Le rendez-vous est donné à Saintes Gemmes pour chasser le bois derrière le lycée agricole. Après un raté monumental au début de la saison j’espère bien pouvoir retrouver cette chevrette qui s’était bien joué de ma flèche. En vain ! Beaucoup de gibier aperçu mais toujours à bonne distance, interdisant tout tir. Nous décidons alors d’aller chasser le bois de Trizay pour le reste de la matinée.
Les postes sont attribués, je serai placé dans une zone de ronces desquelles émergent de hauts pins. Parfait pour y installer mon tree stand. Je connais mal ces bois, je n’y ai chassé qu’une fois et à l’opposé de mon poste du jour. Je me dépêche d’arriver sur zone afin de pouvoir m’installer avant le début de battue. Après quelques soucis de décocheur (oublié dans la voiture, c’est ça de trop se presser), me voila enfin installé et aux aguets, tous les sens en éveil. Surplombant deux énormes coulées. La battue est en cours. La chasse peut commencer. Je télémètre les alentours pour placer des repères de tir.
Soudain, des craquements retentissent dans le roncier derrière moi, très vite, j’aperçois deux brocards. Les deux animaux passent sous mon tree stand sans me repérer, j’arme mon arc. Toujours à la course, je les stoppe à 10m en grognant. Le pin de mon viseur cherche l’épaule du premier d’entre eux, me voila dedans, décoche, la flèche file vers son but en silence et vient se ficher dans la souche derrière l’animal. Au bruit de la décoche, alerté par mon appel, le brocard s’est tapis au sol avant de sauter la corde. La flèche lui est passé au-dessus.
C’est l’ébullition dans ma tête, quelles ont été mes erreurs ? Ai-je trop précipité mon tir ? Ou tout simplement tiré sans prendre en compte mon élévation ? Autant de questions qui me hanteront jusqu’au prochain prélèvement. Il ne me reste qu’une chance de prélever cette saison, une dernière sortie.
C’est ainsi que nous nous retrouvons pour notre dernier rendez-vous annuel à nouveau au bois de Trizay, avec un bracelet de chevreuil toujours disponible. Je me sens plus à l’aise aujourd’hui, le tree stand est maintenant apprivoisé, le décocheur au poignet, c’est bien dans ma tête et mes bottes que j’entame cette dernière journée. Je me place exactement là où j’ai raté le weekend précédent. Cela m’évitera d’avoir à appréhender un nouvel environnement. La battue débute rapidement, la traque étant constituée aujourd’hui de notre président, Jacques et de son chien. Au bout de 15min, j’aperçois du mouvement sur le coteau qui me fait face, une tache brune se dérobe dans ma direction.
Je me lève instantanément avec beaucoup de précaution, le brocard a déjà traversé le ruisseau et monte dans ma direction. S’il continue ainsi il sera dans quelques seconde face à moi, plein travers. J’arme mon arc, le cœur m’explosant la poitrine. Le chevreuil disparait derrière un bosquet de houx. A sa sortie il sera dans ma fenêtre de tir.
Il est sorti, mais, le voila qui prend ma direction et file droit sur moi. Je l’arrete à 7m à la voix, il stoppe. La fenêtre de tir est petite, s’il avance encore, il sera sous moi, le tir sera trop hasardeux. Je distingue la moitié avant de l’animal, toujours à l’arrêt. Je pose ma visée et tire. Le brocard fait volte face et s’en va au galop, ma flèche entre les deux omoplates. Je ne bouge plus, j’écoute le moindre bruit, très vite il n’y en aura plus un seul, la foret retrouve son calme. L’animal a disparu derrière un houx.
S’en suivent les coups de cornes, tout le monde est prévenu, nous stoppons la battue. Je reste sur mon tree stand, l’esprit encore sous l’effet de l’adrénaline. Après 20 minutes, je descends et débute les recherches. Je retrouve Laurent et Jacques et nous cherchons le moindre indice du mon brocard. Pas une goutte de sang, je finis par douter de mon tir, ai-je rêvé ? J’ai pourtant bien tiré, perçu le bruit de l’impact, vu ma flèche. C’est alors que je l’aperçois, sous un houx, couché simplement, à une vingtaine de mètres de l’anschuss.

C’est un magnifique brocard en velours. Immense joie que d’avoir pu retrouver l’animal et de savoir que ma flèche a été efficace. La saison est maintenant terminée et de la plus belle des façons pour moi.
Nicolas J